Madagascar

lundi 17 septembre 2018

Les chicouf font peau neuve !

- Afin d'y voir plus clair (messages classés par mois);
- Afin d'être plus complet (en rajoutant nos compte-rendus de mission);
- Afin de remercier (nos donateurs, AMM, la DCC);
- Et parce que changer on aime ça, voici désormais notre nouveau blog :

lundi 10 septembre 2018

Les chic'ouf quittent Mada à la fin de l'année !

Après plusieurs mois de tergiversations, nous avons finalement arrêté notre décision Manuela et moi de ne pas renouveler notre contrat de mission et de terminer notre année fin décembre.

Plusieurs raisons motivent ce choix difficile. Difficile car la mission est passionnante de par la liberté d’action que nous avons ici d’entreprendre tous les projets que nous souhaitons, de par les résultats que nous obtenons, de par les personnes formidables que nous rencontrons.

Il est vrai qu’il sera difficile de retrouver la vision « étriquée » de notre travail à notre retour, où tout est segmenté, morcelé, hiérarchisé et où tout prend du temps par la lenteur de l’institution.

Cependant, plusieurs aspects sont fatigants ici à Fianarantsoa.

Un volontaire, nous avait confié une fois que ce « pays est usant ». Une phrase que nous n’avions pas comprise sur le moment. Depuis, nous l’expérimentons chaque jour.

En effet, les sollicitations du fait d’être des étrangers et d’être assimilés forcément à des personnes ayant de l’argent, ne cessent d’attirer les convoitises de récupérer quelques billets, de demander des avances ou encore des cadeaux injustifiés. Dire non dans un pays où on ne dit pas non n’est pas chose aisée.

Nous n’avons jamais entendu en 9 mois, ce petit mot malgache : « Tsia » qui veut dire non et pour cause car complètement tabou.

C’est de l’ordre de l’inconcevable de dire non alors les parades sont nombreuses : dire oui et trouver des excuses pour ne pas le faire, dire peut-être, peut-être pas, ça pourrait se faire, pas aujourd’hui et j’en passe. Cela afin de ne pas « couper » la relation. Par conséquent, on ne sait jamais trop sur quel pied danser, si les choses se feront ou encore si les rendez-vous seront honorés.

Un autre aspect usant tient dans le fait de ne pas dire. On ne dit pas quand on n’est pas d’accord. On n’exprime pas ses émotions. Seule la joie est autorisée à être expressive, exubérante même.

Du coup, tous les malentendus, toutes les incompréhensions, tous les sentiments d’injustice, tous les quiproquos restent et ne sont pas libérés. Forcément, le temps faisant son ouvrage, les tensions croissent et finalement les personnes s’en vont du jour au lendemain sans trop qu’on sache pourquoi.

Pour ne pas « perdre la face » selon leur propre expression, pour rester à sa place, dans le moule, ne pas faire de vague, se démarquer des autres, on ne s’énerve pas. Par conséquent, en cas de désaccord entre un étranger et un malgache (car entre deux malgaches le désaccord n’est pas exprimé), si l’étranger monte le ton, la personne malgache parle moins fort qu’il n’a commencé.

Là où on aimerait du répondant, quelqu’un qui expose ses arguments, contre-attaque, il n y a rien.

Désolé pour la comparaison mais c’est comme s’apprêter à taper dans un sac de sable et finalement taper dans un sac vide. C’est déroutant !

Passées ces divergences de l’ordre du choc des cultures, il y a d’autres raisons pour lesquelles ne pas continuer et notamment le manque de vie privée, d'intimité.

Ce petit sas d’intimité qu’on aime tous retrouver qui est souvent son chez soi.

Dans une culture où la vie privée est mélangée à la sphère professionnelle, où il n y a pas de séparation entre l’individuel et le collectif, nous nous retrouvons constamment dérangés les week-ends, les soirs et même les nuits (bien que les nuits soient uniquement pour les urgences médicales et sur notre demande).

Notre solution pour être tranquille les week-ends est la fuite. Partir se balader ou aller chez des amis pour être tranquille. Impossible de se poser simplement chez soi à ne rien faire…

D’ailleurs, à chaque fois qu’on part, il y a toujours quelqu’un pour nous demander où l'on va, ce que déteste Manuela qui se sent fliquée. Je pense que c’est plus de l’ordre de l’intérêt que tu portes à l’autre qui motive cette question, du "prendre soin"..

Une autre raison à notre départ concerne "le nerf de la guerre" : l’argent.

Financièrement, il ne serait pas tenable de tenir 8 mois de plus. Il y a de gros postes qui grèvent le budget : la voiture, l’école, Internet,…

Quoi qu’il en soit, nous sommes bien avec notre décision. Depuis que nous avons annoncé notre départ à la DCC et AMM, ils nous ont déjà trouvé des remplaçants. Une famille qui remplace une famille.

Nous travaillons à tout mettre par écrit pour une bonne passation. Passation que nous pourrons déjà faire avec Ophélia, infirmière qui nous rejoint au mois de novembre et qui restera à Padre Pio jusqu’en février, date d’arrivée de la nouvelle famille. Ils auront pour mission essentielle de suivre les projets lancés, évaluer leur pertinence, suivre la gestion du dispensaire et développer d’autres projets selon leurs sensibilités.

Quant à nous, que ferons nous au mois de janvier ? A l’heure actuelle, nous ne savons pas encore.

Nous avons quelques projets en têtes et quelques destinations autres que notre retour en France qui ne devrait pas se faire avant l’été 2019.

On ne manquera pas de vous tenir au courant quand cela deviendra plus concret. Nous passons désormais de nombreuses soirsées à la recherche active d’un « après mission » qui est un sens pour nous, en cohérence avec ce que nous vivons.

jeudi 30 août 2018

Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins...en Karenjy !

2800Kms, 75h de route sans compter les pauses, les pannes et les temps d'attente : un vrai Road Trip sur les routes malgaches si réputées ! 
Une des routes "de l'impossible" se situe à quelques kilomètres de là où nous étions sur la côte est : nous en avons vu un aperçu. 90 kms en 4h de temps, qui dit mieux ?

Pour vous donner un échantillon de nos 3 semaines de périple et de vadrouille, du sud ouest à l'est en passant par l'île de Sainte Marie, voici quelques photos.


Notre "Karenjy" qui nous a menés tous les 7 à bon port !
Taxi brousse "La Bomba"
combien de personnes dedans à votre avis ?



Dans une forêt de baobabs, ces arbres centenaires

Dans les mines de saphir, en plein soleil
Premières rencontres à Ifaty, à la recherche de coquillages et de crabes pour le repas du soir
           

Pirogues des pêcheurs nomades de la côte sud-ouest : les Vezo



On découvre les calamars géants : impressionants !
Le premier crabe de Yanaël !
Un "capitaine"

Dans le massif de l'Isalo


Joshua, captivé par cette petite tortue terrestre
Un petit hérisson encore endormi, caché dans un morceau de bois avant qu'on le déniche
                                                  


Karenjy "passe-partout". Et ce n'est pas un 4*4 !




Plages d'Ifaty
A Andasibe, découverte de l'Indri Indri : 
ils ne sont pas domestiqués mais on aurait cru !



Poulpe et calamars ce soir : première fois que j'en prépare !
                                      

Vacances des premières fois :
 7h de kite surf pour Jp,
 Baptême de plongée offert par Lyly et François, merveilleux !
Notre clown légendaire
l'ïle aux Nattes, au sud de l'île de Sainte Marie




Vue sur Antananarivo



























                               










vendredi 10 août 2018

La dernière semaine…



Avant les vacances !


Une semaine qui fut passionnante et foisonnante.

Elle a commencé par ma première séance de formation de réanimation néonatale aux sages-femmes.


Puis l’arrivée de mes beaux-parents : séquence émotions !

Grande effervescence pour les enfants, retrouvailles et cadeaux. Cela m’a valu de grands questionnements (oui, vous avez l’habitude, c’est régulier chez moi) : cette avalanche de cadeaux, rappel de la société de consommations a créé en moi un grand hyatus douloureux: appartenance à un pays où on déborde de tout et ici, mon pays d’adoption où chaque boîte de conserve et carton est vu comme un trésor.

Comme il m’est difficile de composer avec ces deux choses : cette société d’un côté à laquelle j’appartiens même si je ne me sens pas proche de cette outrance de consommation et la misère de mon pays d’adoption à laquelle je colle parfois trop, avec une culpabilité d’être riche dans un pays si pauvre, qui n’aide personne au final.


Passé ce moment, nous avons dégusté le fait de « faire découvrir » le dispensaire, notre quotidien (coupure d’eau 3 jours d’affilé sur les 5 passés à Fianar !), nos collègues, nos balades, le marché, les artisans/artistes que nous connaissons…









Côté travail, la semaine a continué avec la rencontre d’une personne très sympathique, Désiré, coordinateur des actions du diocèse qui a bien compris nos demandes et besoins au dispensaire et animera une formation de gestion et management à différents collègues en septembre. Une idée que nous souhaitions vite mettre en œuvre en vue d’assurer les différents objectifs de perrénisation de nos actions. (un peu pompeux comme phrase mais vous avez compris le sens !)

Gros travail d’électricité mené par Jean-Phi et son papa pour rendre le dispensaire indépendant de notre habitation (les plombs sautant plusieurs fois par soir, à chaque fois que le studio du dispensaire était habité par un hôte). Autre travail d’envergure, la mise en place de la radiographie dentaire, donné au dispensaire, qu’il fallait accrocher et raccorder électriquement : ça fonctionne ! Chouette. Maintenant, il nous faut trouver quelqu’un qui veuille bien former nos deux dentistes pour faire et lire les radios dentaires.

Côté échographie, un médecin viendra prochainement (nous espérons dès août) réaliser ses échos au dispensaire : il nous a bien confirmé que notre nouvel « aloka » était bel et bien le meilleur de Fianarantsoa ! Une rétribution au dispensaire nous permettra d’assurer un peu plus les rentrées d’argent mensuelles.

Une nouvelle joie pour moi : 5 nouvelles inscriptions à la Mutuelle. De nouvelles familles qui pourront venir se soigner à un coût moindre. Nous allons travailler à la rentrée sur une nouvelle idée de formation des bénéficiaires à l’épargne, afin de permettre une meilleure compréhension de l’intérêt de « mettre de côté » de l’argent pour leur santé, pour l’école, etc. Je suis très enthousiaste car si l’on ne travaille pas sur le versant éducationnelle des familles, la mutuelle ne sert presqu’à rien, puisqu’une fois les fonds que nous avons terminés, il n’y aurait pas de suite.

Tolojanahary, mon "chouchou rescapé" et son tout jeune petit frère, 
accompagnant leur maman à la mutuelle


Enfin, la fin de semaine a été marquée par un nouveau partenariat tout juste créé, avec la fondation Akbaraly et une ONG italienne, « La Vita Per te ». Elles œuvrent ensemble pour le dépistage, diagnostic et traitement des cancers de la femme (entre autres). Une fondation qui œuvre d’arrache pied et fait un travail formidable de sensibilisation et de dépistage sur toute l’île. Plus de 8000 femmes ont été dépistées, sensibilisées et traitées en 2017 contre quelques centaines 7 ans auparavant. Ils font référence dans ce domaine pour tout Madagascar grâce entre autre à leur laboratoire d’analyses.

Ils ont  accepté très volontiers de former les 3 sages-femmes du dispensaire, auxquelles je me suis associée. J’ai ainsi pu voir quelle place nous pourrions prendre au dispensaire, dans cette sensibilisation et ce dépistage. Mes collègues comme moi étions vraiment ravies. Elles ont elles-mêmes demandé à revenir pour apprendre « en pratique » et améliorer leur clinique (examen des seins, frottis cervico-vaginal, examens de labo…).

Je leur ai proposé de commencer dès le mois d’août la sensibilisation, les dépistages (avec du vinaigre blanc sur le col de l’utérus, c’est tout !) et les orientations vers la fondation…

Les enfants accueillis au dispensaire pour le projet malnutrition:
nous débutons un début d'activités de "centre social", je vous expliquerai en septembre, mon nouveau "bébé" !



C’était un post un peu fourni de détails professionnels et pratico-pratique de notre quotidien mais je pense qu’à travers ces lignes, vous avez compris combien nous sommes en train de remonter la pente du moral, avec plus de réalisme sur le pays et toujours autant d’enthousiasme pour cette mission qui, franchement continue de nous passionner !

Les enfants eux vont très bien. Ils nous ont permis de travailler malgré leurs vacances en jouant presque chaque jour tous les trois avec nos voisins : constructions de cabanes et jeux, pistolet ou autres armes (!) à tailler dans le bois, cache-cache, jeux de société, balades en vélo dans le quartier…

Et le soleil revient depuis 10 jours…début de la vraie saison sèche. ça donne vraiment du baume au cœur ça aussi ! L’approche des vacances « road trip »nous réjouit également!

Notre première étape : Ifaty, à côté de Tuléar dans le sud,
nos premiers baobabs !





vendredi 20 juillet 2018

Anniversaires, convivialité, amitié


Ce début du mois a été ponctué des nombreux anniversaires de la famille :

Après Joshua au Tsaranoro, c‘était pique-nique /dîner avec les copains devant le match des 1/8e de finale, avec la télé de la famille des voisins (notre sage-femme Cynthia). Pop corn et gaufres avec les voisins qui découvraient tout cela : c’était vraiment chouette ! Puis chamallow grillés sur le fatapair : une découverte aussi pour les copains malgaches invités!



Rando magnifique avec un beau point de vue à 180° et pique nique pour mon anniversaire. 


Autres moments conviviaux autour des 1/4 de finale de la coupe du monde, toujours avec nos voisins, toujours avec gaufres,pop corn, bières et sirops (on a cherché à retrouver nos compatriotes pour la demie-finale et la finale !). 




Arrivée de nos amis Romary (parrain de Yanaël) et Isabelle avec leurs deux filles. De vrais moments de convivialité , d'amitié et de simplicité ensemble ;

Ils nous avaient fait une sacrée surprise : nos enfants avaient envoyé des dessins à leurs classes et en réponse, chaque élève avait réalisé un dessin pour Joshua ; pour Noé, chacun des élèves d'une autre classe avait écrit une lettre. Que de lectures passionnantes pour lui, qui lui permettent de retrouver un peu de l’ambiance d’une école française, qui lui manque de temps à autre ! 

             



Merci Marion, car c’est ma cousine, la professeure des écoles à l’initiative de ces lettres !

Spontanément, le grand ami Albert et ses cousins ont choisi des dessins et y ont répondu.

Un bonheur de voir cet échange interculturel !





Voici mes nouveaux questionnements durant ce temps hivernal : et si le temps ici était vécu comme on me l’a conté en Côte d’Ivoire ? C'est-à-dire que « c’est l’évènement qui crée le temps ».

Je vous relate les méandres de mes pérégrinations intérieures. En voyant chaque jour la plupart des gens attendre le client, LA personne qui viendra leur acheter 2 tomates dans la journée…et sourire en regardant ce qui se passe autour. Je me dis avec des yeux d’européens : c’est vraiment terrible ces journées qui s’égrènent sans qu’il ne se passe rien. Comment faire pour ne pas être aigri lorsque son voisin de gargotte ou de marché a fait une vente et pas moi ? Que chacun a besoin de ce peu d’argent pour vivre ?



Peut-être, c’est mon hypothèse du moment, que le temps n’existe, ne compte que lorsque que quelqu’un arrive? Que le vendeur n’attend rien de la journée ? Et il n’est donc pas frustré et garde son sourire; il attend seulement. C’est le client qui arrive devant lui qui crée cet évènement dans le temps de sa journée ?

Finalement, c’est d’être dans l’attente (d’une vente par exemple) qui crée l’espoir et la déception si elle ne se conclue pas.

En parallèle, je me demande : dans les « on-dit » qui sont véhiculés, on dit que les malgaches sont paresseux. C’est peut être juste qu’ils s’animent lorsqu’il y a quelque chose qui se passe, au présent ! Car lorsqu’il y a un évènement, ils sont là pour organiser !



Je vous raconte aussi un sujet intéressant que l’on m’a soumis : un jésuite a inventé une technique révolutionnaire rizicole. La méthode SRI qui a largement fait ses preuves en améliorant par 3 les rendements des récoltes grâce à une meilleure gestion de l’irrigation.

Toute l’Asie a adopté cette technique. Seuls 10% des paysans malgaches l’utilisent. Pourquoi ?

- Parce que leurs parents ne l’utilisaient pas ; ils ne respecteraient donc pas la tradition en faisant autrement. Cela s’apparenterait à défier leur père et donc à être exclus de leur communauté familiale.

- Parce que même en ayant testé que le rendement augmente une année, il ne verrait pas l’intérêt de changer toutes ses méthodes l’année suivante puisqu’il a pu amasser suffisamment cette année-là.

Autour de cette question de de la culture du riz, je ne peux m’empêcher de faire une analogie avec ce que nous faisons au dispensaire. En voyant que ce que nous avons mis en place marche, comment faire pour que cela perdure ?

Pas défaitiste, pas pleine d’espoir, juste en questionnements, toujours …